Un récit de voyage en Terre Sainte à la fin du XVe siècle :
"Voyage en Terre Sainte"
de Bernard de Breydenbach
Durant le Moyen Âge, le pèlerinage fut un moyen privilégié pour obtenir le soutien de Dieu ou le pardon de ses fautes. Les centres de pèlerinage étaient nombreux. Les plus célèbres furent sans doute Rome ou Saint Jacques de Compostelle en Espagne. Pour ce dernier, un ouvrage "le guide du pèlerin de Saint Jacques" fournissait des informations utiles sur les routes à suivre, les lieux d’hébergement… Le pèlerinage outre-mer était sans nul doute le plus difficile et le plus périlleux. La durée du voyage, les dangers de la traversée maritime que viennent encore renforcer les menaces des armées turques en Méditerranée orientale depuis la chute de Constantinople en 1453, n’ont pourtant jamais dissuadé quelques courageux pèlerins de prendre la mer vers Jérusalem.
Ainsi, Bernard de Breydenbach, chanoine allemand de la cathédrale de Mayence, entreprend la traversée "pour faire pénitence, regrettant une jeunesse passée dans les plaisirs vains". Accompagné d’un peintre hollandais, Erhart Reuwich, du franciscain Paul Walther et du dominicain Félix Fabbri, Breydenbach se rend en Terre Sainte en 1483-1484 (voir carte 1).
A son retour, il rédige un ouvrage dans lequel il donne des informations précises sur les conditions matérielles de ce pèlerinage, livre une description des villes, des régions et des peuples rencontrés. L’ouvrage, paru à Mayence en 1486, sous le titre latin "Peregrinatio in Terra Sancta", a immédiatement rencontré un réel succès. Constamment réédité, ce livre est devenu un classique du genre. La Médiathèque de l’Agglomération Troyenne en conserve d’ailleurs trois exemplaires. Outre l’édition princeps (incunable 79), l’incunable n°210, paru à Lyon en 1488 sous les presses de l’imprimeur Michel Topié, est la traduction en français par Nicolas Le Huen, sous le titre "Pérégrinations d’outremer en Terre Sainte". "Le saint voyage et pèlerinage de la cité sainte de Jérusalem" (Inc102 et 103) qui provient du fonds de Clairvaux, est la traduction en français réalisée par Jean de Hersin, imprimée à Lyon par Gaspard Hortuin en 1490. Au total, entre 1486 et 1522, l’ouvrage connaîtra 12 rééditions en 5 langues différentes.
Le succès de cet
ouvrage a plusieurs explications. Breydenbach répond aux multiples attentes de
ses lecteurs pour qui le pèlerinage en Terre Saint n’est pas uniquement une
manifestation de la foi. La description précise des conditions de voyage permet
au lecteur de mettre ses pas dans ceux du Christ, ou pour les plus courageux d’aider
à la préparation du voyage. Les gravures réalisées par Reuwich donnent une
vision personnelle et exotique de la Terre Sainte.