Les conditions du voyage

 

Le voyage en Terre sainte offre des conditions particulières, tant pour son organisation que pour les difficultés ou les dangers qu’il représente.

Les pèlerins rejoignent tout d’abord leur port d’embarquement, Marseille ou le plus souvent Venise. En cette fin du Moyen Âge, Venise est la véritable porte de l’Orient, glorieuse par ses reliques et ses splendides édifices, telle la place saint-Marc ou le palais des Doges. Elle est d’ailleurs représentée par une splendide gravure qui donne une vision panoramique de ses paysages urbains et de l’Arsenal (documents 4 et 5). Là, dans des ateliers, les navires sont fabriqués ou remis en état. Un pèlerin du XIVe siècle, le champenois Ogier d’Anglure, en livre une description précise : "A Venise est un grand lieu clos et bien fermé de murs et de mer, que l’on appelle l’Arsenal. C’est le lieu où l’on fait les galées, dont il y en a bien 90, tant vieilles que neuves. On y fait les cordes des vaisseaux, les ancres, les rames et l’artillerie pour armer les vaisseaux …" Près de 300 ouvriers y travaillent d’après les récits de la fin du XVe siècle. Ville d’art aujourd’hui, Venise est plus encore à cette époque une ville industrieuse avec ses verreries, ses soieries et ses imprimeries.

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De plus, la Cité des Doges est parvenue à se constituer de solides possessions en Méditerranée orientale. En cette fin du XVe siècle, l’Empire maritime vénitien résiste à la poussée turque. Le port de Raguse (Dubrovnik) sur les côtes dalmates, Corfou, Candie en Crête (Heraklion), Rhodes, Chypre sont autant de points de ravitaillement sur la route de Jérusalem.


Chaque année, entre mai et juillet, profitant des vents favorables, la "nave pellegrina" quitte Venise en direction de Raguse. A son bord se trouvent près de 300 personnes, dont parfois une centaine de pèlerins. De véritables contrats lient le capitaine de la galée avec ces derniers. Celui-ci s’engage à servir un repas chaud accompagné de vin deux fois par jour, les pèlerins se se nourrissant eux-mêmes durant les escales. Avant même l’embarquement, les pèlerins achètent le " trousseau " indispensable pour la traversée : un matelas et une corde pour le pendre dans la journée, un tonnelet pour l’eau douce, du vin, des biscuits, gâteaux cuits deux fois pour une meilleure conservation. des jambons, du fromage pour améliorer l’ordinaire.

Breydenbach indique dans son livre une liste des îles ou des ports rencontrés durant le trajet (document 6 et 7). Le voyage dure en moyenne 5 semaines, mais varie en fonction des vents et de la situation politique. Le bateau est parfois retardé par une tempête ou au contraire par l’absence de vent. Il arrive que le navire se réfugie plusieurs semaines dans un port ( par exemple le port de Rhodes, document 8) pour échapper à une flotte turque, laissant les pèlerins, livrés à eux-mêmes.

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L’exiguïté et le mal de mer rendent le voyage insupportable. Les rapports entre l’équipage et les pèlerins ne sont pas toujours excellents. Les conflits éclatent parfois entre pèlerins d’origines variées, français et anglais notamment. Néanmoins, il semblerait que le voyage groupé offre aussi des avantages, conditions de sécurité ou tarifs privilégiés. Ce qui est encore plus le cas lorsque les pèlerins débarquent à Jaffa en Terre Sainte, ou à Alexandrie.

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